Politique intérieure        0  564 lectures

La Côte d’Ivoire a connu une grave crise politico-militaire après la tentative de coup d’Etat opérée par une rébellion armée en septembre 2002. La France, puis la CEDEAO, ont envoyé d’importants contingents militaires pour séparer les belligérants. Cette interposition a permis d’éviter une guerre civile et de nombreux massacres. Depuis le cessez-le-feu de 2003, la Côte d’Ivoire vivait au rythme d’un processus de sortie de crise pour lequel l’organisation d’élections présidentielles et législatives justes, transparentes, libres et démocratiques constituait une étape décisive. La Communauté internationale s’est largement investie depuis 2003 afin de progresser dans cette voie.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a créé le 4 avril 2004 une opération de maintien de la paix, l’ONUCI, soutenue par la force française Licorne, pour prendre le relais des contingents de la CEDEAO et accompagner le processus de paix.
Le processus de paix a connu de nombreux blocages imputables à l’absence de volonté réelle des parties, puis un brutal coup d’arrêt en novembre 2004, lorsque les forces loyalistes ont rompu le cessez-le-feu en lançant une offensive au cours de laquelle neuf soldats français ont été tués. La communauté française a alors été victime de nombreuses exactions et une partie a été évacuée (plus de 8 000 personnes). A la suite de ces événements, le Conseil de Sécurité a décidé un embargo sur les armes, prévu un mécanisme de sanctions individuelles et renforcé le mandat de l’ONUCI.
Après l’échec successif des accords de Marcoussis, Accra et Pretoria, le nouveau président de la CEDEAO, le Président burkinabè Blaise Compaoré, avec la bénédiction de la plupart de ses pairs africains, a organisé un dialogue direct inter-ivoirien proposé par le Président Gbagbo à la rébellion des Forces Nouvelles. Le Chef des Forces Nouvelles, Guillaume Soro, et Laurent Gbagbo ont signé le 4 mars à Ouagadougou un accord sur un processus de transition conduisant à des élections fin 2007 ; un accord complémentaire a été conclu le 27 mars faisant de G. Soro le nouveau Premier Ministre et lui interdisant de se présenter à l’élection présidentielle.
Dans ce contexte, le mandat des forces impartiales a été régulièrement renouvelé en vue d’accompagner la mise en œuvre de l’Accord Politique de Ouagadougou et d’aider à l’organisation des élections. Dans ce sens, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies (RSSGNU), M. Choi, avait la mission de certifier le processus électoral.
Depuis la signature de l’Accord de Ouagadougou, des avancées tangibles avaient été constatées ; gouvernement de réconciliation, suppression de la zone de confiance et de la ligne verte qui coupait le territoire en deux, organisation des audiences foraines (délivrance de plus de 600 000 jugements supplétifs de naissance), début du redéploiement de l’administration dans le Nord. Si l’amélioration du climat sécuritaire était sensible, le pays devait tout de même faire face à des flambées sporadiques de violence en diverses localités du territoire.
Les opérations d’identification et de recensement électoral s’étaient officiellement achevées le 30 juin 2009. La liste électorale définitive, qui comprenait 5725720 inscrits, a finalement été adoptée le 9 septembre 2010. Le premier tour de l’élection présidentielle s’est déroulé le 31 octobre dernier. Le président sortant Laurent Gbagbo et l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara ont recueilli respectivement 38,30% et 32,08% des suffrages au premier tour.
A l’issue du second tour qui s’est tenu le 28 novembre, alors que la Commission électorale indépendante avait annoncé la victoire d’A. Ouattara avec 54,1% des voix, le Conseil constitutionnel a invalidé la décision de la CEI et déclaré Laurent Gbagbo vainqueur. Le RSSGNU, M. Choi, a, dans le cadre de son mandat de certification, validé les résultats proclamés par la CEI. La communauté internationale (et notamment les organisations africaines -Union africaine, la CEDEAO-, mais encore l’Union européenne, les Etats-Unis ou la France) a alors logiquement reconnu Alassane Ouattara comme le Président élu et légitime de Côte d’Ivoire. Le Groupe de Haut Niveau des chefs d’Etat nommés par l’Union africaine a confirmé, dans ses conclusions rendues le 10 mars à Addis Abeba, la reconnaissance d’A. Ouattara comme Président de la République de Côte d’Ivoire.
Laurent Gbagbo s’est toutefois maintenu au pouvoir en nommant son propre « gouvernement » et en opérant un blocus de l’Hôtel du Golf où étaient installés le Président Ouattara et le gouvernement légitime. De nombreux appels et médiations régionales et internationales ont été mis en œuvre afin de permettre une transition ordonnée, pacifique et respectueuse de la volonté des Ivoiriens. Le Conseil de sécurité a adopté le 20 décembre 2010 à l’unanimité la résolution 1962 prolongeant pour une durée de 6 mois le mandat de l’ONUCI. Face au refus persistant de l’Ancien Président de quitter le pouvoir, l’Union Européenne a pris des sanctions ciblées contre Laurent Gbagbo, son entourage et ceux qui le financent. Les Etats-Unis et le Canada ont également pris des sanctions individuelles. L’Union africaine avait exclu la Côte d‘Ivoire de ses instances jusqu’à l’arrivée au pouvoir effectif d’A. Ouattara. La communauté internationale a fait part de son inquiétude quant aux nombreuses violences et atteintes au droit de l’homme en Côte d‘Ivoire. Le Conseil des Droits de l’Homme à Genève a créé le 25 mars une commission d’enquête indépendante pour enquêter sur les exactions en Côte d’Ivoire. La Cour pénale internationale a affirmé à plusieurs reprises suivre de près la situation. Les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI, ex-Forces Nouvelles), favorables au Président Ouattara, ont lancé le 28 mars une offensive d’envergure. Après avoir rapidement pris le contrôle de la majeure partie du pays, elles se sont engagées, le 31 mars au soir, dans Abidjan, où s’étaient retranchés les derniers éléments armés favorables à Laurent Gbagbo, notamment autour du palais présidentiel où elles leur ont opposé une forte résistance. Le Conseil de sécurité a adopté le 30 mars dernier, à l’unanimité, la résolution 1975 par laquelle il a autorisé l’ONUCI, soutenue par la force Licorne, comme le prévoit la résolution 1962, à « utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de la tâche qui lui incombe de protéger les civils […], y compris pour empêcher l’utilisation d’armes lourdes contre la population civile ». Le 4 avril 2011, l’ONUCI et Licorne (sur demande expresse du SGNU) ont mis en œuvre cette résolution en attaquant les sites d’armes lourdes menaçant les civils. Laurent Gbagbo a été arrêté dans sa résidence d’Abidjan par les FRCI le 11 avril ainsi que son épouse et a été transféré à l’Hôtel du Golf, puis en dehors d’Abidjan dans un lieu tenu secret. Le Président Ouattara fait désormais face à de nombreux défis ;
La réponse aux problèmes humanitaires et aux besoins en services sociaux de base qui restent particulièrement aigus à Abidjan comme en province. Le nombre de déplacés à l’issue des évènements est estimé à 900000 personnes environ et 135 000 personnes seraient réfugiées au Liberia selon le HCR.
Le processus de réconciliation nationale et la traduction en justice des coupables des violences et exactions. Dans ses différentes interventions, le Président Ouattara en a fait une priorité, appelant les Ivoiriens à « s’abstenir de tout acte de représailles ou de violences », réitérant sa volonté de créer une « commission vérité et réconciliation ». Il a également annoncé le lancement de procédures judiciaires contre Laurent Gbagbo, son épouse et ses collaborateurs.
Le Président Ouattara doit faire face à de très lourds défissécuritaires ; poursuite des efforts de sécurisation de la capitale et du pays, réunification et restructuration des forces armées, présence de miliciens, grande quantité d’armes circulant dans le pays.
Au plan politique, les élections législatives pourraient se tenir d’ici à la fin de l’année.
Institutions
Laurent Gbagbo avait été élu président de la République de Côte d’Ivoire en octobre 2000 pour un mandat de 5 ans. La tentative de coup d’Etat de 2002 (voir « Politique intérieure ») avait divisé le territoire en deux et durablement fragilisé le pays. Le mandat de Laurent Gbagbo avait été prolongé à plusieurs reprises par les différents accords qui ont tenté de régler la crise ivoirienne. Attendue de longue date, l’élection présidentielle a finalement été organisée en novembre 2010. Alassane Ouattara a remporté celle-ci et a été reconnu comme le Président légitime de la Côte d’Ivoire par la communauté internationale. Le refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir a plongé le pays dans une situation institutionnelle inédite et dans la guerre civile. Après des mois d’efforts diplomatiques pour convaincre Laurent Gbagbo de céder pacifiquement le pouvoir, les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (soutenant le Président Ouattara) ont lancé une offensive militaire fin mars à l’issue de laquelle Laurent Gbagbo a été arrêté le 11 avril. Si la pacification du pays n’est pas encore achevée, le Président Ouattara exerce désormais effectivement le pouvoir.

Composition du gouvernement de la République de Côte d’Ivoire
Président de la République ; M. Alassane Dramane OUATTARA -
Premier ministre, Chef du Gouvernement, Ministre de la Défense ; M. Guillaume Kigbafori SORO,
Ministre d’Etat, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice ; Me Jeannot Kouadio AHOUSSOU,
Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur ; M. Hamed BAKAYOKO,
Ministre des Affaires Etrangères ; M. Daniel Kablan DUNCAN,
Ministre d’Etat, Ministre de l’Emploi, des Affaires Sociales et de la Solidarité ; M. Gilbert Kafana KONE,
Ministre d’Etat, Ministre du Plan et du Développement ; M. Albert Toikeusse MABRI,
Ministre de l’Economie et des Finances ; M. Charles Koffi DIBY,
Ministre de l’Industrie ; M. Moussa DOSSO,
Ministre des Infrastructures Economiques ; M. Patrick ACHI,
Ministre des Mines, du Pétrole et de l’Energie ; M. Adama TOUNGARA,
Ministre de la Santé et de la Lutte contre le SIDA ; Prof. Thérèse Aya N’DRI YOMAN,
Ministre de l’Education Nationale ; Mme Kandia Kamissoko CAMARA,
Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative ; M. Konan GNAMIEN,
Ministre de l’Artisanat et de la Promotion des PME ; M. Sidiki KONATE,
Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique ; M. Ibrahima CISSE,
Ministre des Ressources Animales et Halieutiques ; M. Kobena Kouassi ABJOUMANI,
Ministre de l’Agriculture ; M. Mamadou Sangafowa COULIBALY,
Ministre du Commerce ; M. Dagobert BANZIO,
Ministre de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle ; M. Albert FLINDE,
Ministre chargé des Droits de l’Homme et des Libertés Publiques ; M. Gnénéma COULIBALY,
Ministre de la Culture et de la Francophonie ; M. Maurice Kouakou BANDAMA,
Ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant ; Mme Raymonde Goudou COFFIE,
Ministre de la Communication ; M. Souleymane Coty DIAKITE,
Ministre de l’Environnement et du Développement Durable ; M. Rémi Kouadio ALLAH,
Ministre du Tourisme ; M. Charles Aké ATCHIMON,
Ministre de la Construction, de l’Assainissement et de l’Urbanisme ; M. Mamadou SANOGO,
Ministre des Sports et des Loisirs ; M. Philippe LEGRE,
Ministre de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication ; M. Bruno Nabagné KONE,
Ministre des Transports ; M. Gaoussou TOURE,
Ministre des Eaux et Forêts ; M. Clément Boueka NABO,
Ministre chargé de l’Intégration Africaine ; M. Adama BICTOGO,
Ministre de la Promotion de la Jeunesse et du Service Civique ; M. Alain Michel LOBOGNON,
Ministre de la Promotion du Logement ; Mme Nialé KABA,
Ministre chargé des ex-Combattants et des Victimes de Guerre ; M. Mathieu Babaud DARRET,
Ministre de la Salubrité Urbaine ; Mme Anne Désirée OULOTO,
Ministre délégué auprès du Premier Ministre, Ministre de la Défense ; M. Paul Koffi KOFFI -

 

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