Politique intérieure        0  607 lectures

Dominé depuis son indépendance, le 6 juillet 1964, par le régime autoritaire de Hastings Kamuzu BANDA et de son parti unique, le Malawi Congress Party (MCP), le Malawi connaît ses premières élections générales libres en mai 1994, remportées par l’United Democratic Front (UDF) de Bakili MULUZI. Le président Muluzi est réélu le 5 juin 1999.

Ne pouvant se représenter pour un troisième mandat, il fait élire Bingu Wa MUTHARIKA à la présidence de l’UDF. Ce dernier emporte les élections de mai 2004 dans des conditions difficiles (35% des voix). Dans l’ensemble, les observateurs internationaux (dont les observateurs UE) jugent le processus électoral crédible, malgré certaines dérives (accès inégal aux médias, usage des fonds publics pour la campagne de l’UDF, insuffisances de la Commission électorale). Après son élection, le Président Mutharika s’attèle aux réformes nécessaires : assainissement des finances publiques, réduction du train de vie de l’Etat, lutte contre la corruption, place plus grande accordée à l’initiative privée. Toutefois, de graves dissensions avec son prédécesseur, M. Muluzi, conduisent à la fracture : M. Mutharika démissionne de l’UDF et fonde en janvier 2005 sa propre formation, le Democratic Progressive Party (DPP). Cette rupture conduit à un bras de fer entre exécutif et législatif : Désormais majoritaire au Parlement, l’opposition lance à deux reprises une procédure « de destitution » contre le chef de l’Etat, et bloque le vote du budget en 2007 et en 2008. Le Président limite en retour les sessions parlementaires au vote du budget.

Empêché par décision de la Commission électorale malawite de participer aux élections présidentielles du 19 mai 2009, Bakili Muluzi fait alliance pour les élections générales avec l’ancien parti unique et soutient John Tembo, candidat du MCP. Le président MUTHARIKA est néanmoins largement réélu avec 66% des suffrages exprimés. John Tembo (31% des voix) refuse de reconnaître les résultats et dépose un recours. Le DPP remporte la majorité absolue au Parlement (114 sièges sur 193). Un gouvernement largement renouvelé est formé. L’opposition est affaiblie : le MCP souffre de divisions (le décès brutal, en Afrique du Sud en septembre 2009, d’Ishmael Chafukira, rival de John Tembo, suscite des interrogations), l’UDF se cherche un nouveau leader. Le régime du président Mutharika est critiqué pour sa dérive autoritaire et pour ses dépenses somptuaires, alors que la population reste dans la pauvreté.

Le 5 avril 2012, le Président Mutharika succombe subitement à une crise cardiaque. Son entourage tente de cacher le décès pour faciliter une prise de pouvoir inconstitutionnelle du frère du Président. Toutefois, c’est finalement la Vice-Présidente Joyce Banda qui est investie, conformément à la constitution, le 7 avril 2012. La nouvelle Présidente rétablit les relations les relations, dégradées, avec les bailleurs (série de visites officielles aux Etats-Unis, au FMI et à la Banque Mondiale, à Londres et à Bruxelles). Elle prend des mesures courageuses pour redresser l’économie (dévaluation du kwacha de 49% en mai 2012, fluctuation du cours, dérégulation des prix de l’eau et de l’électricité, budget d’austérité). La Présidente choisit aussi le renforcement de la démocratie au Malawi (en rupture avec une tradition d’autoritarisme et de culte de la personnalité). Elle fait abroger des lois limitant les libertés d’expression, la liberté de la presse, et la pénalisation de l’homosexualité.

La tentative de coup de 2012 a fait l’objet d’enquête et de pousuite : le 6 Mars 2013, la Présidence rend public le rapport de la Commission d’enquête sur les circonstances du décès du Président Mutharika et les évènements qui ont précédé l’investiture de Mme Banda. 11 arrestations suivent immédiatement : 8 ministres de l’ancien gouvernement (dont Peter Mutharika, ancien ministre des affaires étrangères) poursuivi pour haute trahison, et Goodall Gondwe, numéro deux du Cabinet de Joyce Banda en qualité de ministre de la Planification économique et du développement), mais le procès se perd dans les sables.

Un scandale de corruption, dit « Cashgate » portant sur des détournements de fonds publics d’au moins 30 M$ éclate à l’occasion de la tentative d’assassinat du Directeur du Trésor en Septembre 2013 entache l’image de la Présidente Joyce Banda, malgré la prise de mesures fermes, (enquêtes, démission de son cabinet, révocation de deux ministres (Justice, finance). Le scandale entraîne la suspension de l’aide budgétaire des bailleurs bilatéraux au Malawi, (mais non de leur aide programme).

Le 20 Mai 2014, le déroulement des élections générales au Malawi sont marquées par des incidents violents liés à la désorganisation du scrutin et aux soupçons de manipulation des élections. Le 24 mai, la présidente Joyce Banda annule l’élection présidentielle, invoquant des irrégularités dont son adversaire serait responsable. Alors que les résultats du scrutin sont contestés par plusieurs partis politiques, la haute cour de Blantyre annonce un recomptage des voix avant d’ordonner, quelques heures plus tard à la commission électorales du Malawi de rendre public les résultats, (un juge ne pouvant modifier la loi).

Le nouveau Président, Peter Mutharika, issu du parti (DPP) et frère de l’ancien Président, feu, Bingu Mutharika, a été investi en Juin 2014 après avoir remporté les élections présidentielles du 20 Mai 2014, avec 36, 4% des voix, contre 27, 8% pour L. Chakwera (MCP) et 20,2% seulement pour la Présidente sortante Joyce Banda (PP).

Le Democratic Progressive Party ne dispose que d’un quart des sièges au parlement mais jouera probablement des différents leviers pour rallier une partie de l’opposition, au pouvoir. Le nouveau Président a déclaré son intention de se démarquer du mandat de Bingu Mutharika, et d’éradiquer la corruption au Malawi. Après des élections émaillées d’incidents et de fraude, la réconciliation prendra du temps.

Composition du gouvernement
Président de la République, Ministre de la Défense : M. Arthur Peter Mutharika
Vice-Président, Ministre en charge des catastrophes et des plans de secours, des manifestations officielles et de la fonction publique : M. Saulos Klaus Chilima

Ministres
Ministre des Finances et du développement économique : M. Goodall Edward Gondwe
Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération : Dr. Georges Thapatula Chaponda,
Ministre du Travail : M. Henry Amon Robin Mussa
Ministre de la santé : M. Jean Alfazema Nachika Kalinani
Ministre du Genre, du handicap et du Bien-Etre social : Mme Patricia Anne Kaliati - Ministre de l’Education, des sciences et de la Technologie : Dr. Emmanuel Fabiano
Ministre de la Justice et des affaires constitutionnelles : M. Samuel Batson Tembenu
Ministre de l’Information, du Tourisme et de l’éducation civique : M. Kondwani Nankhumwa
Ministre des Ressources naturelles, de l’énergie et des mines : M. Atupele Austin Muluzi
Ministre de l’Agriculture, du développement de l’eau et de l’irrigation : Dr Allan James Chiyembekeza
Ministre du Commerce et de l’Industrie : M. Joseph Mwanamvekha
Ministre des Terres, du logement et du développement urbain : M. Bright Msaka
Ministre des Transports et des Travaux publics : M. Francis Lazalo Kasaila
Ministre des Affaires Intérieures : M. Paul Chipingu
Ministre du Gouvernement local et du Développement rural : M. Trasizio Thom Gowelo
Ministre de la Jeunesse, des sports et de la culture : Mme Grace Obama Chiumia Vice-ministre de la Défense : M. Jappie Mutwa Mhango
Ministre du Tourisme et de la Culture : Mme. Rachel Mazombwe ZULU


Mise à jour : 19.12.14

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