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Relations avec le Tchad
La crise du Darfour a très vite pris une dimension régionale, touchant l’est du Tchad et la République centrafricaine, à la fois sur les plans humanitaire et politique.

Le Tchad et le Soudan ont rompu leurs relations diplomatiques en mai 2008 après une offensive des rebelles tchadiens partis du Darfour jusqu’à N’Djamena et l’attaque de la banlieue de Khartoum par un mouvement rebelle darfourien. En mai 2009, l’armée tchadienne est parvenue à repousser l’offensive des rebelles tchadiens à la frontière soudanaise. N’Djamena et Khartoum ont lancé en octobre 2009 un processus de normalisation qui a abouti à la signature d’un accord le 15 janvier 2010 et à la création de patrouilles militaires conjointes.

Pour contribuer à la sécurité de l’est du Tchad, une force européenne EUFOR a été déployée de mars 2008 à mars 2009. Le 15 mars 2009, l’opération européenne a été relevée par la mission des Nations Unies MINURCAT, dont le mandat a pris fin le 31 décembre 2010.

Le Président Idris Déby soutient le processus de paix au Darfour, notamment dans le cadre du forum d’Um Jaras, lancé en octobre 2013.

Relations avec le Soudan du Sud
Malgré l’accession à l’indépendance du Soudan du Sud le 9 juillet 2011 sans heurt, la relation entre le nouvel Etat et le gouvernement soudanais s’est rapidement détériorée. Elle est marquée par de nombreux contentieux, portant sur :

le montant de la taxe sur le transit par le Nord du pétrole sudiste, essentiel pour le Nord, qui a perdu 75% de son pétrole avec le départ du Sud ;
le statut de la région frontalière d’Abyei, qui devait faire l’objet d’un référendum pour déterminer son rattachement au Nord ou au Sud ;
le tracé de la frontière et la répartition des zones contestées ;
le statut des ressortissants d’un Etat résidant dans l’autre.

Un premier foyer de tension s’est déclaré autour d’Abyei, investie par l’armée soudanaise le 21 mai 2011 en violation du CPA. Un accord a été trouvé le 20 juin 2011, qui prévoit le déploiement d’une force des Nations Unies (la Force Intérimaire de Sécurité des Nations Unies à Abyei – FISNUA) pour assurer la sécurité du territoire, transformé en zone démilitarisée.

Après les combats d’Heglig en avril 2012, les affrontements ont pratiquement cessé sous la pression internationale. Les deux armées se sont retirées partiellement de la zone contestée d’Abyei et les négociations entre les deux Etats, menées à Addis Abeba sous l’égide du Président Mbeki, ont abouti à une série d’accords de coopération le 27 septembre 2012.

Les tensions ont repris le 9 juin 2013, lorsque le Soudan a menacé de se retirer des accords de septembre 2012 dans les soixante jours si le Soudan du Sud ne mettait pas un terme immédiat à son soutien à la rébellion soudanaise du Sud Kordofan et du Nil bleu.

La situation a pris un tour nouveau, le 3 septembre 2013, avec la rencontre des Présidents Kiir et Béchir à Khartoum. Ils se sont engagés à reprendre immédiatement le transit du pétrole, à ouvrir la frontière pour permettre la circulation des marchandises et des personnes et à ne pas accueillir ni soutenir de mouvements rebelles.

Après l’explosion du conflit le 15 décembre 2013 à Djouba, le Président Omar el-Béchir a rencontré son homologue sud-soudanais à Djouba le 6 janvier 2014 pour l’assurer de son soutien. Le Soudan fait partie de l’équipe de médiation de l’IGAD. Khartoum a également accueilli une réunion de médiation conduite sous l’égide de la Chine le 12 janvier 2015. Les deux pays continuent toutefois de s’accuser du soutien à diverses rébellions. Le Soudan accueille 130 000 réfugiés sud-soudanais.

Relations avec l’Ethiopie
Le conflit éthio-érythréen a favorisé un rapprochement de Khartoum avec Addis-Abeba. L’Ethiopie joue un rôle majeur dans les relations Nord-Sud et déploie un contingent important dans le cadre de la FISNUA (4 050 hommes) et de la MINUAD (2 560).

Khartoum a accueilli, le 23 mars 2015, la signature d’un accord entre le Soudan, l’Egypte et l’Ethiopie sur le projet de barrage de la Renaissance, actuellement en construction sur la partie éthiopienne du Nil bleu.

Relations avec l’Erythrée
Après une période initiale de tensions entre l’Erythrée et le Soudan (soutien d’Asmara à la rébellion sudiste, puis à celle qui émerge dans l’Est du pays, enfin à celle du Darfour), les relations diplomatiques ont été renouées en 2006, avec l’organisation par Asmara des pourparlers avec la rébellion de l’Est du Soudan, qui ont abouti à un accord de paix en octobre 2006.

Relations avec les pays arabes et le Moyen-Orient
Les relations avec les pays arabes, tendues dans les années 1990 en raison du prosélytisme islamiste de Khartoum, se sont normalisées. Le Soudan entretient une relation étroite avec Le Caire, en dépit des évolutions politiques depuis le printemps arabe de 2011, marquée par la prééminence d’intérêts communs (gestion des eaux du Nil, commerce bilatéral).

Le Soudan a développé des relations denses avec le Qatar, ainsi qu’avec la Turquie, marquées par des accords de coopération militaire et centrées sur la stabilisation du Darfour. Accusé un temps par le gouvernement de Tobrouk d’avoir soutenu des mouvements rebelles libyens, le Soudan a accueilli une conférence régionale sur le Libye en décembre 2014.

Les relations avec les pays du Golfe Persique sont intenses, en dépit de tensions fin 2013 et début 2014 illustrées par la suspension par Riyad des transactions bancaires avec le Soudan. Le Soudan a rejoint en mars 2015 la coalition arabe au Yémen.

Relations avec les Etats-Unis
Le Soudan est inscrit en 1993 sur la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme, avant d’être ciblé par un vaste programme de sanction américain en 1997. A partir de 2001, Washington considère les crises soudanaises comme une priorité et s’engage pour la paix entre Khartoum et la rébellion sudiste puis sur le dossier du Darfour. Le 28 septembre 2001, le Conseil de sécurité des Nations Unies lève l’embargo onusien qui frappait le Soudan depuis 1996. Les Etats-Unis dialoguent avec les autorités soudanaises tout en maintenant la pression des sanctions économiques et commerciales (qui sont renforcées, fin 2007, à la faveur de la crise du Darfour).

Les Etats-Unis ont présenté en octobre 2010 un plan de normalisation par étapes de sa relation avec le Soudan qui va de la sortie de la liste des Etats soutenant le terrorisme à une levée complète des sanctions, en fonction des avancées dans la mise en œuvre du CPA et des progrès dans la résolution de la crise du Darfour. Aucune étape de ce plan n’a pu être franchie à ce jour.

Relations avec les organisations régionales
Au sein de l’Union Africaine, Khartoum, qui semblait isolée jusqu’en 2006, a considérablement amélioré ses positions en acceptant le déploiement de la MINUAD, dont la composition est à prédominance africaine. L’UA défend désormais un retour du Soudan dans le concert des nations et demande notamment au Conseil de Sécurité des Nations Unies l’utilisation de l’article 16 de la Cour Pénale Internationale, pour suspendre les poursuites à l’encontre du Président Béchir. Elle est soutenue par l’Organisation de la Conférence islamique, le Mouvement des Non-Alignés et le Groupe des pays Afrique-Caraïbes-Pacifique.

Le Soudan est membre de l’Union africaine, du COMESA (marché commun d’Afrique orientale et australe), de l’IGAD (autorité intergouvernementale pour le développement), de la CEN-SAD (Communauté des États sahélo-sahariens), de la Ligue arabe, de l’Organisation de la conférence islamique et du Mouvement des Non-Alignés. Depuis 2014, le Soudan coordonne le groupe de négociateurs africains de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Mise à jour : 19.05.15

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