Politique intérieure        0  878 lectures

Le 10 décembre 2012, la coalition de rebelles « Séléka », composée de dissidents de mouvements ayant déjà signé la paix (sans avoir bénéficié du processus DDR) et d’autres mouvements apparus en septembre 2012, amorce à partir du Nord-Est un mouvement de conquête du pays qui l’amène, fin décembre, à une centaine de kilomètres de la capitale. L’incapacité des forces armées centrafricaines à résister conduit les pays voisins, notamment le Tchad (mais aussi le Gabon, le Congo et le Cameroun), à s’interposer militairement pour protéger la capitale et contraindre les rebelles à négocier.

De son côté, le président Bozizé signe avec l’Afrique du Sud un accord visant à s’assurer son soutien militaire. Les négociations avec les rebelles et l’opposition menées sous l’égide de la CEEAC (Communauté économique des Etats d’Afrique centrale) aboutissent, le 11 janvier à Libreville, à un cessez-le-feu et à un accord politique prévoyant la nomination d’un gouvernement d’union nationale et l’organisation d’élections anticipées. A la suite de nombreux blocages, les rebelles reprennent l’offensive et renversent le président Bozizé le 24 mars, faisant des victimes dans les rangs sud-africains puis livrant la capitale à la violence et au pillage. La communauté internationale condamne la prise du pouvoir par la force et prône le retour au cadre des accords de Libreville.

L’histoire de la RCA est jalonnée de changements de régime soudains, mais la prise du pouvoir par la coalition rebelle Séléka le 24 mars 2012 crée un contexte inédit de violence exacerbée et de très grande instabilité, du fait de la destruction quasi-totale de l’Etat.

A Bangui, le processus de transition politique s’inscrit dans le cadre tracé, en grande partie, par l’accord de Libreville (11 janvier 2013) et par la déclaration de Ndjamena (sommet CEEAC du 18 avril). Ce cadre, sanctionné par le Conseil de sécurité de l’ONU, prévoit une transition de 18 mois devant aboutir à des élections (présidentielle et législatives). Promulguée le 18 juillet, la Charte constitutionnelle de transition organise le fonctionnement des institutions jusqu’aux élections. Le tandem formé par Michel Djotodia, chef de la Séléka et chef d’Etat de la transition, et Nicolas Tiangaye, Premier ministre désigné à la suite des accords de Libreville, peine à mettre en œuvre le processus. Au sommet extraordinaire de Ndjamena, les 9 et 10 janvier 2014, les chefs d’Etat de la CEEAC entérinent leur démission. Le 20 janvier, le Conseil national de transition, organe législatif pour la durée de la transition, élit Catherine Samba Panza – jusque-là maire de Bangui – à la tête de l’Etat, investie le 23 janvier. Un gouvernement resserré, dirigé par André Nzapayéké, ancien vice-président de la Banque de développement des Etats d’Afrique centrale, est constitué le 27 janvier.

Face à la poursuite des violences, et en accord avec les autorités centrafricaines et les partenaires internationaux, le président congolais Denis Sassou Nguesso, médiateur de la crise centrafricaine, convoque un forum de dialogue à Brazzaville, les 21 et 23 juillet. Réunissant représentants des groupes armés, des partis politiques et de la société civile, celui-ci aboutit à la signature d’un accord de cessation des hostilités. Dans le contexte de cette nouvelle dynamique, Catherine Samba-Panza nomme le 10 août Mahamat Kamoun, un de ses proches conseillers, en remplacement du Premier ministre démissionnaire André Nzapayéké. Formée le 22 août 2014, la nouvelle équipe gouvernementale s’emploie depuis lors à conduire les chantiers prioritaires de la transition : dialogue avec les groupes armés en vue du désarmement et de la démobilisation des combattants, réforme du secteur de la sécurité, reconstruction de l’Etat, préparation des élections.

Organisé sous les auspices du président Sassou Nguesso, médiateur de la crise centrafricaine, et préparé par des consultations locales, le Forum national de Bangui (4-11 mai 2015) a constitué une étape majeure du processus de sortie de crise. Rassemblant l’ensemble des composantes de la nation centrafricaine, il a abouti à la signature, par la quasi-totalité des groupes armés, d’un engagement à libérer les enfants-soldats ; à la conclusion d’un accord sur les modalités de leur démobilisation et de leur réinsertion ; à la signature, enfin, d’un « pacte républicain » regroupant les principes devant régir la fin de la transition et l’avenir du pays. Toutefois, ne disposant ni d’une force publique opérationnelle, ni d’un appareil administratif en ordre de marche, ni de ressources budgétaires sûres, les institutions peinent à engager les réformes requises de façon autonome.

Face à l’impossibilité technique de tenir l’échéance électorale de février 2015, les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEEAC ont décidé de repousser la date-limite pour l’organisation des élections (présidentielle et législatives groupées, précédées d’un référendum constitutionnel), successivement au mois d’août puis au mois de décembre 2015.

Du 4 au 11 mai 2015 s’est tenu le forum de Bangui, précédé de consultations populaires dans tout le pays. Ouvert sous les auspices du Médiateur pour la crise centrafricaine, le président Denis Sassou Nguesso, le Forum visait à créer les conditions d’un climat apaisé d’ici la fin de la transition, tout en posant les jalons de la reconstruction politique, économique et sociale du pays. Il a abouti à la signature, par les groupes armés représentés, d’un accord de paix précisant les conditions et modalités de leur désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), ainsi que d’un engagement à libérer les enfants-soldats présents dans leurs rangs. Plusieurs centaines d’enfants ont ainsi été remis à l’UNICEF. Sur le plan politique, les participants se sont accordés sur un « Pacte républicain » en vue de poursuivre le redressement du pays. Ce Pacte proscrit notamment toute possibilité d’amnistie et regroupe une série d’engagements en matière de justice, de gouvernance et de développement. Enfin, le forum a permis de consolider les principes régissant la transition : (i) consensus sur l’impératif d’organiser les élections d’ici la fin de l’année, (ii) maintien de Catherine Samba-Panza jusqu’à cette date, (iii) inéligibilité des principaux acteurs de la transition.

Sur le plan sécuritaire, le calme est, dans l’ensemble, revenu à Bangui et sur l’essentiel du territoire, mais la situation reste hétérogène et volatile, en particulier dans le centre du pays où les tensions sont toujours vives. Les conditions de vie des populations sont gravement détériorées, sur tous les plans : sécuritaire, humanitaire et droits de l’homme, alimentaire, sanitaire etc. Au Sud-Est et à l’Est, des éléments de la Lord’s Resistance Army (LRA) de Joseph Kony se livrent à des attaques ponctuelles sur les populations. Cette menace est toutefois limitée par l’Initiative de coopération régionale contre la LRA (ICR-LRA) et la force régionale de l’Union africaine déployée dans ce cadre (éléments ougandais soutenus par les forces spéciales américaines).

Composition du gouvernement de Mahamat KAMOUN (22/08/14, remanié en janvier, en juillet et en octobre 2015)
Les ministres d’Etat

Ministre d’Etat en charge de la défense nationale, de la restructuration des armées, des anciens combattants et des victimes de guerre : Mme Marie-Noëlle KOYARA
Ministre d’Etat à la Justice, Garde des sceaux, chargé de la réforme judiciaire et des droits de l’Homme : M. Aristide SOKAMBI

Les ministres
Ministre d’Etat en charge de la défense nationale, de la restructuration des armées, des anciens combattants et des victimes de guerre : M. Joseph BINDOUMI
Ministre d’Etat à la Justice, Garde des sceaux, chargé de la réforme judiciaire et des droits de l’Homme, Porte-parole du gouvernement : M. Dominique SAÏD-PANGUINDJI
Ministre des transports et de l’aviation civile : Arnaud DJOUBAYE ABAZENE
Ministre des finances et du budget : M. Assane Abdallah KADRE
Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la francophonie : M. Samuel RANGBA
Ministre de l’économie, du plan et de la coopération internationale, chargée des pôles de développement : Mme Florence LIMBIO
Ministre du travail, de la sécurité sociale, de l’emploi et de la formation professionnelle : M. Gaston MACKOUZANGBA
Ministre des eaux, forêts, chasses et pêches : Mme Isabelle GAUDEUILLE
Ministre de la santé et de la population : Mme Marguerite SAMBA MALIAVO
Ministre des postes, des télécommunications, chargé des nouvelles technologies : M. Bounandele KOUMBA
Ministre de l’administration du territoire, de la décentralisation et de la régionalisation : M. Modibo Bachir WALIDOU
Ministre du commerce, de l’industrie, des petites et moyennes entreprises : Mme Gertrude ZOUTA
Ministre des mines et de la géologie : M. Joseph AGBO
Ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement technique, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique : Pr. Bernard SIMITI
Ministre de la communication : M. Bruno YAPANDE
Ministre d’Etat chargé du développement du monde rural : Mme Marie-Noëlle KOYARA
Ministre de la sécurité publique et de l’émigration-immigration : M. Chrysostome Sambia
Ministre en charge des travaux publics, de l’équipement et de l’aménagement du territoire : M. Laurent Clair MALEFOU
Ministre d’Etat en charge de l’énergie et de l’hydraulique : M. Aristide Sokambi
Ministre de la réconciliation nationale, du dialogue politique et de la promotion de la culture civique : Mme Florence Lydie NDOUBA
Ministre des affaires sociales et de l’action humanitaire : Mme Eugénie YARAFA
Ministre de l’urbanisme et des édifices publics : Dr. Jacques NDEMANGA-KAMOUNE
Ministre de l’habitat et du logement : M. M. Armel Ningatoloum SAYO- Ministre de l’environnement, de l’écologie et du développement durable : M. Sébastien WENEZOUI
Ministre chargé du secrétariat général du gouvernement et des relations avec les institutions : M. Marc MOKOPETE
Ministre du tourisme, des arts, de la culture et de l’artisanat : Mme Mauricette MONTHE
Ministre de la jeunesse et des sports : Nicaise Médard KARNOU-SAMEDI
Ministre de la fonction publique : Madame Odile ZITONGO

Les ministres délégués
Ministre délégué à l’élevage : M. Mahamat TAIB YACOUB
Ministre délégué aux finances et au budget : M. Célestin YANINDJI
Ministre délégué auprès du ministre de l’économie, du plan et de la coopération internationale chargé des pôles de développement : M. Michel BINDO

Mise à jour : 28.10.15

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