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Dans l'est du Congo, le business des enlèvements terrorise la population

Depuis plusieurs mois, les kidnappings se multiplient dans la région. Beaucoup de familles se ruinent pour payer une rançon.

 

 

 


Début novembre, 14 travailleurs humanitaires étaient enlevés à Rutshuru dans la région du Nord-Kivu, dans l'est du Congo. Un drame qui illustre la multiplication des kidnappings dans la région depuis le début de l'année 2015.

«Cet enlèvement confirme la situation sécuritaire fragile dans laquelle les nombreuses organisations humanitaires travaillent et dont est victime la population», soulignait à l'agence de presse Reuters, Mamadou Diallo, le coordinateur des Nations unies dans le Nord-Kivu.

Au moins 175 personnes ont été enlevées contre rançon en 2015 en République démocratique du Congo, a déclaré Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié mercredi 16 décembre. Des membres de milices et «d'anciens de groupes armés semblent être responsables de plusieurs cas de ces kidnappings», affirme l'ONG. Lors de l'enlèvement des 14 travailleurs humanitaires en novembre, un institut congolais, le Centre d'étude pour la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l'homme, avait pointé du doigt les anciens rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), une milice hutu constituée depuis le génocide de 1994.

Après avoir été chassés par les troupes du président Paul Kagame, les rebelles hutus «se sont regroupés en République démocratique du Congo pour organiser leur retour au pouvoir à Kigali, en formant un groupe armé qui est devenu le FDLR», explique le Réseaux d'information régionaux intégrés (Irin), un organe d'information de l'ONU.

De nombreuses familles ruinées
La majorité des enlèvements se concentrent dans les alentours de la ville de Rutshuru.

«La hausse alarmante du nombre de kidnappings constitue une grave menace pour la population de l’est de la RD Congo», a déclaré Ida Sawyer, chercheuse senior de la division Afrique à HRW. «Les autorités congolaises devraient de toute urgence créer une unité de police spéciale chargée d’aider à secourir les otages, et de mener des enquêtes et des poursuites contre les ravisseurs.»

Le montant des rançons réclamées est très variable: de 200 à 30 000 dollars par otage selon HRW. Dans cette région très pauvre, les familles se ruinent souvent pour libérer leurs proches. «Un homme a été obligé de vendre sa ferme afin de pouvoir rembourser l’argent emprunté par sa famille pour payer la rançon de sa libération, laissant sa famille sans aucune source de revenus», note HRW.

«Mettre fin à la menace de kidnapping devrait constituer une haute priorité pour le gouvernement congolais», conclut Ida Sawyer. «Les autorités devraient non seulement traduire les individus responsables en justice dans le cadre de procès équitables, mais également identifier et agir contre tout fonctionnaire impliqué.»
 

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