Présent à Addis-Abeba pour le Sommet de l'Union africaine, le ministre algérien des Affaires étrangères et médiateur en chef des négociations de paix au Mali, Ramtane Lamamra, se dit confiant dans un réglement prochain de la crise malienne. Interview.
Le ministre algérien des Affaires étrangères
Ramtane Lamamra, le 16 juillet 2014, à Alger.
Jeune Afrique : Les négociations de paix entre le
gouvernement malien et les groupes armés sont-elles au point mort ?
Ramtane Lamamra : Non, les discussions ont bien avancé. Fin novembre, les
différentes parties ont reçu un projet d'accord global de paix et de
réconciliation. Ce texte doit faire l'objet d'une étude minutieuse de chacun,
puis d'une reprise de négociations de front, afin de résoudre toutes les
questions qui resteront en suspens. Il y aura, à Alger, une finalisation de cet
accord. La signature formelle, elle, devra être faite sur le territoire de la
République du Mali.
Quels sont les principaux points de blocages ?
Peut-on parler de points de blocage ? Nous avons plusieurs options sur les
différentes questions qu'il reste à résoudre, qu'elles soient institutionnelle,
politiques, ou sécuritaires. Le diable est dans les détails et tout cela demande
à être fignolé. Certains aspects demanderont peut être des dispositions
transitoires, notamment en matière de sécurité, parce que la construction d'une
armée nationale prendra du temps. Le travail n'est donc pas fini, mais en ce qui
concerne le fond, il est quasiment ficelé.
L'hypothèse du fédéralisme est-elle définitivement écartée
?
Oui. Le 24 juillet, après une série de négociations, les différents mouvements
armés du Nord ont signé une feuille de route consacrant le respect de l'unité
nationale et de l'intégrité territoriale du Mali.
La lenteur des négociations est-elle liée à la
multiplicité d'acteurs qui y participent ?
Il y a deux choses. D'abord, au niveau de l'équipe de médiation, nous avons
réussi le tour de force de ramener au sein de la même équipe toutes les parties
prenantes : États, organisations sous-régionales, et organisations
internationales. Elles ont toutes un rôle à jouer. Au niveau des parties
maliennes, nous souhaitons le regroupement plutôt que la fragmentation. Il faut
que les chefs des mouvements armés, et en face, les ministres mandatés par le
président IBK, soient présents.
Quand peut-on espérer la signature d'un accord de paix ?
Je ne saurais vous dire. Mais nous souhaitons qu'un accord de paix soit signé
dans moins de six mois.
Quand reprendra le prochain round de négociations à Alger
?
L'équipe internationale de médiation se réunira le 7 février à Alger pour
évaluer la situation et décider de la voie à suivre.
Hier, le groupe international de contact sur la Libye a
exclu l'idée d'une intervention militaire au profit d'une solution politique.
Vous qui avez toujours défendu cette option, avez-vous le sentiment d'être mieux
entendu qu'en 2011 ?
Je crois qu'il y a un consensus international sur la nécessité de trouver une
solution politique en Libye. Mais il faut être clair : dire que le problème
politique, sécuritaire et institutionnel libyen doit être réglé de manière
pacifique n'empêche pas de réduire des poches de terrorisme par tous les moyens
légitimes.
Donc défendre une solution politique n'exclut pas des
frappes ciblées contre certains groupes terroristes ?
Cela n'exclut pas que le terrorisme soit combattu. Les groupes terroristes ne
doivent pas penser qu'ils peuvent s'épanouir sur le territoire libyen et que
nous sommes devenus pacifistes à leur égard.
Propos recueillis à Addis-Abeba par Anne Kappès-Grangé et Benjamin Roger
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