La Gambie, ex-colonie britannique de près de 2 millions d'habitants en Afrique de l'Ouest, est désormais "un État islamique", a affirmé son président Yahya Jammeh dans une déclaration diffusée samedi par la présidence gambienne.
À Banjul, un panneau à la gloire du
président Yahya Jammeh , au pouvoir depuis 1994.
« Le destin de la Gambie est dans les mains d’Allah le Tout-Puissant. A partir
d’aujourd’hui, la Gambie est un État islamique », a déclaré le président Jammeh
qui s’exprimait jeudi à Brufut, à 25 km de la capitale Banjul, selon ses propos
mis en ligne par la présidence sur son site statehouse.gm.
« Nous serons un État islamique qui respecte les droits des citoyens », a-t-il
affirmé, en clôturant une tournée nationale.
Aucun détail n’a été fourni sur les modalités de ce changement de statut. Aucune
source officielle n’était disponible pour commenter cette annonce dans
l’immédiat.
La Gambie compte 1,96 millions d’habitants, à 90% musulmans. Yahya Jammeh, 50
ans, militaire de carrière issu d’une famille paysanne de l’ouest du pays,
cultive l’image d’un président musulman pratiquant – il apparaît régulièrement
Coran et chapelet en main – et doté de pouvoirs mystiques.
Ancienne dépendance britannique, puis colonie britannique à partir de 1888, la
Gambie est devenue indépendante en 1965 au sein du Commonwealth, avec comme
Premier ministre Sir Dawda Jawara. Elle est ensuite devenue une République en
1970, sous la présidence de Jawara, qui a été renversé en 1994 par un coup
d’État militaire dirigé par Yahya Jammeh.
M. Jammeh a ensuite été élu pour la première fois en 1996 puis réélu trois fois
(en 2001, 2006 et ensuite en novembre 2011 avec 72 % des voix). Depuis, il règne
en maître sur son pays, enclavé dans le Sénégal à l’exception de sa façade
maritime.
En octobre 2013, il a annoncé le retrait, avec effet immédiat, de la Gambie du
Commonwealth en qualifiant cette organisation de pays anglophones de « coloniale
».
En mars 2014, dans un discours lors d’une cérémonie publique, Yahya Jammeh avait
indiqué que son pays allait abandonner l’anglais, actuellement sa langue
officielle, au profit d’une langue nationale non précisée, sans fournir de
calendrier, une annonce demeurée pour l’heure sans effet.
Il a fait adopter en 2002 un amendement constitutionnel supprimant la limite du
nombre de mandats. Son régime est régulièrement critiqué par des défenseurs des
droits de l’Homme pour des violations des libertés.